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HISTOIRE DES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES EN SYRIE


             Après l’époque des « voyageurs » (XVIe-XIXe siècles), dont les récits contiennent les premières descriptions de vestiges archéologiques présents en Syrie (Palmyre, etc.), c’est vers le milieu du XIXe siècle qu’ont été entrepris les premières fouilles archéologiques dans ce pays. Elles furent souvent menées au début par des individus agissant surtout comme des chasseurs de trésor, motivés par l’intérêt grandissant des Européens pour les premières civilisations du Proche-Orient que l’on redécouvrait alors. Du fait des importantes trouvailles faites en Mésopotamie à partir de 1845, notamment par P. E. Botta à Khorsabad et par H. Layard, découvreur de capitales assyriennes de Nimrud et de Ninive, les premières fouilles menées en Syrie ont d’abord cherché à retrouver des témoignages de la présence mésopotamienne dans ces régions.

             C’est vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle que les archéologues ont commencé à s’intéresser réellement à la richesse de l’histoire de la Syrie ancienne en elle-même. Une approche plus sérieuse et des méthodes de fouilles plus scientifiques ont peu à peu été appliquées et l’archéologie syrienne est alors entrée dans sa phase de maturité. L’intérêt est d’abord allé grandissant pour l’époque Néo-Hittite et les sites du Ier millénaire avant notre ère, ce qui a mené à plusieurs découvertes majeures. Les archéologues allemands ont joué un rôle important dans le développement de la discipline à cette époque, notamment avec la découverte de Zinjirli en 1888 par F. Von Luschan et le travail de M. Von Oppenheim sur le grand site de Tell Halaf entre 1899 et 1911. Le Mandat français ayant été établi sur la Syrie au cours des années 1920, la recherche archéologique s’est alors institutionnalisée sous la supervision de la nouvelle Direction Générale des Antiquités. Le travail de recherche s’est concentré à cette époque sur quelques grands tells, permettant notamment la découverte de villes importantes de l’Âge du bronze, comme Qatna (Tell Mishrifé), fouillé par R. du Mesnil du Buisson à partir de 1926, Ougarit (Ras Shamra) avec les fouilles que C. Schaeffer entama en 1929, ou Mari (Tell Hariri) fouillé par A. Parrot à partir de 1933.

             Tout le travail archéologique significatif ayant cessé pendant la Seconde Guerre mondiale, la mise en place de la nouvelle administration syrienne au cours des années 1950 a amené au renouvellement des initiatives en matière de recherche archéologique. Les premières fouilles engagées par des chercheurs syriens furent menées par A. Bounni et N. Saliby, notamment à Tell Amrit ou encore à Tell Kazel. La coopération internationale en la matière s’est elle aussi renouvelée et les équipes de différents pays ont continué à contribuer au développement de l’archéologie syrienne. Parmi les travaux les plus remarquables doivent être mentionnés ceux de P. Matthiae à Tell Mardikh/Ebla, ou ceux de D. et J. Oates à Tell Brak.

             À partir du milieu des années 1970, les découvertes faites à Ebla ont apporté un nouvel élan aux recherches archéologiques en Syrie et ce pays demeure aujourd’hui une terre de prédilection pour les archéologues du monde entier. En matière de documentation écrite, après les grands lots de textes cunéiformes découverts à Ougarit (Ras Shamra), Ras Ibn Hani, Mari (Tell Hariri), Emar (Tell Meskéné), Ebla (Tell Mardikh), ou Ashnakkum (Chagar Bazar), de nouvelles découvertes ont été faites au cours des 40 dernières années (en ne citant que les lots de textes les plus importants) : à Dur-Katlimu (Cheikh Hamad, à partir de 1974), à Terqa (Tell Ashara, à partir de 1976), à Tuttul (Tell Bi’a, à partir de 1980), à Tell Sabi Abyad (à partir de 1986), à Shehna/Shubat-Enlil (Tell Leilan, à partir de 1987), à Ekalte (Tell Munbaqa, à partir de 1989), à Nabada (Tell Beydar, à partir de 1993), à Burmarina (Tell Chioukh, à partir de 1994), à Tabatum (Tell Taban, à partir de 1997), à Qatna (Tell Mishrifé, à partir de 1999), alors même que de nouvelles tablettes continuaient à être exhumées sur des sites anciennement fouillés (Mari, Tell Brak, Tell Chagar Bazar, etc.). Chaque année continue ainsi d’apporter son lot de nouvelles découvertes épigraphiques.


(Partiellement adapté de : P.M.M.G. Akkermans & G.M. Schwartz 2003, The archaeology of Syria : from complex hunter-gatherers to early urban societies (c. 16,000-300 BC), Cambridge: CUP ; P. Matthiae 1980, Ebla : An Empire rediscovered. London: Hodder & Stoughton) ; M. Al-Maqdissi (éd.) 2008, Pionniers et protagonistes de l’archéologie syrienne, 1860-1960, Documents d’archéologie syrienne XIV, Damas : Ministère de la Culture.)

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